Tout être normalement
constitué est attiré par l'idée d'aller voir ce qu'une
bibliothèque peut offrir. Les livres font rêver, voyager,
enseignent... Mais foule ou non aux alentours, les livres isolent
toujours, d'une façon ou d'une autre, les lecteurs. D'un autre côté,
les livres aident les lecteurs à s'évader quand les codes et les
jeux du paraître de la société les pèsent.
Des auteurs comme Montaigne percevaient les librairies personnelles comme un temple sacré, un havre de paix.
En effet chaque individu peut
trouver son compte avec les manuscrits. Un moment de solitude créatif
et apaisant, où chacun enrichit ses connaissances, applique
n'importe quel apprentissage, rêve, voyage grâce à des mots.
Chacun peut aussi s'abandonner à ses propres songes face aux images
d'un livre. Ainsi les livres peuvent être des "amis", car
ils sont complices de l'éloignement mental de n'importe qui, quand
la société et ses codes deviennent étouffants. Les livres révèlent
l'honnêté et développent l'activité cérébrale des liseurs
pendant qu'ils les consultent. Il reste néanmoins vrai que la
lecture demeure un moment d'isolement. Cependant, avec de la logique
et de l'observation, il peut alors être déduit que tout ça s'agit
d'un comportement de survie. Fondamentalement et simplement.
Montaigne associait le
moment de retrait qu'est celui de la lecture au style de vie que
mènent les religieux. Quelque peu abrupte mais saine et simple.
Cette comparaison semble juste, puisqu'à l'inverse de la société
et ses codes, les instants lecture sont basiquement des moments de
liberté. Et si cette comparaison devrait être approfondie, il
pourrait être également remarqué que contrairement aux jeux du
paraitre qui sont livrés en société, la solitude d'un moment
lecture révèle l'honnêté du liseur. Effectivement, face à un
livre personne ne ment plus, ne joue plus un rôle, comme il peut le
faire en société. Face à un livre, pas besoin de tricher. La
tranquillité innée de ces moments doit certainement être un des
facteurs de ce comportement. Cette honnêté, quant à elle, peut par
exemple se manifeste de deux façons : soit le liseur prend
conscience de choses personnelles pendant la lecture. Soit les
émotions engendrées par le livre sont finalisées par une prise de
conscience.
Cependant la société
peut être également une "amie". En effet, parce que c'est
grâce aux épreuves que chaque individu traverse au cœur de la société, qu'il peut grandir et y trouver sa propre place.
Il y a ensuite une
seconde raison pour la considérer comme "amie", puisque
c'est aussi au cœur de la société qu'a été fondée et développée
la communication. La communication nous permet de voyager, aimer,
partager, transmettre, écrire... Sans société ni communication ça
serait plus difficile de remplir des livres. Bien que dans les livres
les mondes et les sociétés peuvent être améliorés ou détériorés,
tout ça n'aurait pas lieu d'être sans réelle source d'inspiration.
Bref, les livres apaisent, enseignent,
livrent les gens à leur propre créativité. Mais comme beaucoup de
choses, la lecture comporte des points noirs : l'effet d'isolation
qu'elle provoque sur les liseurs et le fait de tout ce qu'elle offre
reste majoritairement fictif.
"Et cependant, grâce à tout ce trucage, de grandes vérités partielles ont été
atteintes. Ces personnages fictifs et irréels nous aident à nous mieux connaître et à
prendre conscience de nous-mêmes. Ce ne sont pas les héros de roman qui doivent
servilement être comme dans la vie, ce sont, au contraire, les êtres vivants qui
doivent peu à peu se conformer aux leçons que dégagent les analyses des grands
20 romanciers." ("Romancier Et Ses Personnages" par François Mauriac)