21 octobre 2016

Octobre 2016 - Interview De Bisni (Illustratrice, Designer, Fondatrice De La Ligne 29 Et Propritaire Du Concept 29 Store A Montpellier)





 Depuis le début, l'univers artistique de Bisni a été composé, en quelque sorte, de plusieurs prédictions. D'abord son nom, qui a été accidentellement trouvé et volontairement approuvé. En effet, quand elle avait 19 ans, un des collègues apprentis de « Bisnidicte » prononça son nom originel en faisant un hiatus. Mais l'apprentie « Bisnidicte » senti que ce n'était qu'un début avec ce nom et le garda. Et Bisni est née ! Ensuite, ce fût au tour de sa carrière d'être basée de présages. Dont le plus dominant reste la photographie. Effectivement à l'âge de 14 ans Bisni a su qu’elle voulait être photographe lorsqu’on lui a offert un vieux appareil photo, ensuite elle ouvrit quelques années après son entreprise photographique et elle travaillait parallèlement sur PhotoShop. Malgré la période noire qu'elle a traversé après la faillite de l'entreprise, Bisni est toujours resté proche de la photographie, d'une manière ou d'une autre. Durant cette période, sa vie se résumait être employée dans une imprimerie et à travailler avec nonchalance sur PhotoShop, pour créer des motifs publicitaires. Le soleil revint enfin le jour elle laissa tout tomber et participa aux Hivernales de Montpellier (Marché de Noël où des artisans exposent leurs travaux).

Actuellement l'organisation de la créatrice se reflète bien dans sa boutique : Carpe diem et joyeuse. En effet elle répond aux mails, envoie les devis aux fournisseurs et gère les posts sur son site Web et réseaux sociaux... Tout ça en prenant son temps.

Bien que Bisni exprime un besoin « viscéral » de dépeindre, dans sa vie privée, des illustrations sombres elle exprime aussi son admiration pour des artistes néo-classiques du 18ème siècle tels que Jean-Auguste Ingres et Jacques-Louis David. Lumineuses sont donc ses créations vendues et exposées en vitrine : « J’oscille entre plusieurs styles. Le baroque est le principal. », affirme t-elle.

Bref, bienvenue dans la bulle de Bisni ! Une bulle loufoque, tendre et joyeuse.





 Lux June : « Parle-moi de ton parcours professionnel jusqu'à maintenant ? »



Bisni : « A la suite de mes premières Hivernales (Décembre 2012) j’étais sur un nuage, portée par des centaines de clients qui sont tombés sous le charme de mon univers. Je n’y croyais pas !! A la suite de ce petit succès j’ai voulu continuer en cherchant un magasin à Montpellier… Mais malheureusement (ou heureusement) je n’avais pas les moyens d’acheter un fond de commerce !! Donc j’ai continué les petits marchés et salons. En Avril 2014 j’ai rencontré (sans le savoir) mes associés actuels. Ils furent nos premiers revendeurs sur Montpellier. Le contact était très bien passé à l’époque. Nous avons tissé des liens et sommes devenus amis. En parallèle nous nous sommes fait approchés (je dis nous car mon mari m’aidait, obligé !) par des commerciaux qui ont commencé à distribuer notre marque dans toute la France. Mais il est difficile de joindre les deux bouts pour nous, il faut créer, fabriquer et nous retirons très peu de bénéfice de tout cela…Ces commerciaux nous ont emmené jusqu’à Maison et Objet Paris (rêve n°2) plus grand salon international de l’art de vivre. J’ai donc participé à ce salon avec deux associées (pas mes associés d’aujourd’hui) B et L. Ces deux femmes, fournisseurs, nous ont proposé de nous associer à elles afin de « pulvériser » la concurrence. Je reprends leurs mots. Alors quand on crève de faim (oui c’est dur la vie d’artiste) on met de côté ses convictions et on obéit. Moi à la création et elles à la fabrication (elles avaient une usine de fabrication textile) on devait réussir ! J’étais confiante, pleine de motivation et prête à tout pour impressionner ces deux femmes ainsi que la France entière. Toujours sans salaire cela devenait difficile de créer. Je suis devenue une vache à lait, je devais pondre des visuels sur des thèmes qui ne me plaisaient pas, Bisni était devenue Bisni « Paris » (je suis pas Parisienne !!!) une marque qui ne me ressemblait plus, quelque chose de complètement incohérent… De plus les produits n’étaient même pas français, alors pourquoi devais-je supporter ce « Paris »… C’était pompeux tout ça. Trop pour moi. Ma famille et moi même étions en train de sombrer. Toujours pas de salaire à l’horizon… Par contre la boîte de mes associées s’engraissait bien à mon détriment… Il fallait que je copie la concurrence, que je mente… C’était trop sale (et je passe des détails…) J’ai donc décidé de tout envoyer valser au bout de 7 mois d’association. Je voulais tout leur laisser, mon nom y compris, et oublier tout ça. Mais mes associés actuels, Bruno et Nicolas, n’ont pas voulu. Ils m’ont dit que c’était trop dommage et m’ont proposé de recommencer l’aventure avec moi, au 29 rue de l’Aiguillerie (d’où le nom de la nouvelle marque). Avec eux je vis, j’ai un petit salaire, je travaille avec des humains comme on en voit peu. Ils ont un cœur énorme, on s’entend très bien, on s’aime ! Et mon cœur crée à nouveau. Toutes les conditions sont réunies pour que cela fonctionne. Et c’est en train de prendre son envol, enfin. »



Lux June : «Parle-moi de ton métier, des clients (les visés et les différents types) et tâches globales à accomplir lors d'une commande ? »



Bisni : « J’adore mon métier. Évidemment il y a des jours avec (très souvent) et des jours sans (rares).

J’ai des clients professionnels, revendeurs, une quarantaine en France et en Europe que nous trouvons sur les salons et grâce au bouche à oreilles, réseaux sociaux… Et mes clients particuliers qui viennent à la boutique sont de tous horizons différents 25-50 ans, mais souvent assez rock n’ roll, tatoués…

Pour les commandes pro, il faut toutes les regrouper et lancer la production. Nous n’avons pas encore les moyens de stocker, nous travaillons à flux très tendu ! »



Lux June : «Décris-moi le décor et le fonctionnement de ton lieu de travail ? »



Bisni : « Je n’aurais jamais cru que j’allais bosser dans un si beau magasin. Si on m’avait dit cela il y a quelques années, j’aurais sûrement éclaté de rire !! Ce bureau-magasin c’est tout ce dont je rêvais. Avec ses magnifiques gypseries de 1757, ses hauts plafonds dans cette rue parfaite… C’est le pied !! Je suis heureuse ! C’est un peu mon premier temple. Je sais que je n’y resterai pas, je visualise autre chose, de plus grand, toujours 18e siècle mais pas de magasin. Juste un bureau de travail, créer de l’emploi, s’entourer pour se délester un peu et bosser dans la bonne humeur. J’aurai mon bureau perso, ma chapelle, mon antre au sein de ces locaux… Je rêve et mets tout en œuvre pour réaliser cela. L’Univers m’écoute, m’entend et m’envoie tout ce dont je lui parle. C’est magique ! »



Lux June : « Et pour te laisser le fin mot de cette interview, définis moi le mot "motif" ? »



Bisni : «  « Motif »… Ce serait plutôt les arrière plans que j’utilise pour mes créas. Souvent baroque, art déco, uni ou fleuri… Pas de créa sans motif.

On retrouve souvent les mêmes éléments dans mes compositions. Au début j’avais peur que les gens trouvent cela facile de réutiliser des éléments, mais au final c’est ma signature, ma griffe. Les gens me reconnaissent grâce à ça. »