Depuis
le début, l'univers artistique de Bisni a été composé, en quelque
sorte, de plusieurs prédictions. D'abord son nom, qui a été
accidentellement trouvé et volontairement approuvé. En effet, quand
elle avait 19 ans, un des collègues apprentis de « Bisnidicte » prononça son nom originel en faisant un hiatus. Mais l'apprentie
« Bisnidicte » senti que ce n'était qu'un début avec ce
nom et le garda. Et Bisni est née ! Ensuite, ce fût au tour de
sa carrière d'être basée de présages. Dont le plus dominant reste
la photographie. Effectivement à l'âge de 14 ans Bisni a su qu’elle voulait être photographe lorsqu’on lui a offert un vieux
appareil photo, ensuite elle ouvrit quelques années après son
entreprise photographique et elle travaillait parallèlement sur
PhotoShop. Malgré la période noire qu'elle a traversé après la
faillite
de l'entreprise, Bisni est toujours resté proche de la photographie,
d'une manière ou d'une autre. Durant cette période, sa vie se
résumait être employée dans une imprimerie et à travailler avec
nonchalance sur PhotoShop, pour créer des motifs publicitaires. Le
soleil revint enfin le jour elle laissa tout tomber et participa aux
Hivernales de Montpellier (Marché de Noël où des artisans
exposent leurs travaux).
Actuellement
l'organisation de la créatrice se reflète bien dans sa boutique :
Carpe diem et joyeuse. En effet elle répond aux mails, envoie les
devis aux fournisseurs et gère les posts sur son site Web et réseaux
sociaux... Tout ça en prenant son temps.
Bien
que Bisni exprime un besoin « viscéral » de dépeindre,
dans sa vie privée, des illustrations sombres elle exprime aussi son admiration pour des artistes néo-classiques du 18ème siècle tels
que Jean-Auguste Ingres et Jacques-Louis David. Lumineuses sont donc
ses créations vendues et exposées en vitrine : « J’oscille
entre plusieurs styles. Le baroque est le principal. », affirme
t-elle.
Bref,
bienvenue dans la bulle de Bisni ! Une bulle loufoque, tendre et
joyeuse.
Lux
June : « Parle-moi de ton parcours professionnel jusqu'à
maintenant ? »
Bisni :
« A la suite de mes premières Hivernales (Décembre 2012)
j’étais sur un nuage, portée par des centaines de clients qui
sont tombés sous le charme de mon univers. Je n’y croyais pas !!
A la suite de ce petit succès j’ai voulu continuer en cherchant un
magasin à Montpellier… Mais malheureusement (ou heureusement) je
n’avais pas les moyens d’acheter un fond de commerce !! Donc
j’ai continué les petits marchés et salons. En Avril 2014 j’ai
rencontré (sans le savoir) mes associés actuels. Ils furent nos
premiers revendeurs sur Montpellier. Le contact était très bien
passé à l’époque. Nous avons tissé des liens et sommes devenus
amis. En parallèle nous nous sommes fait approchés (je dis nous car
mon mari m’aidait, obligé !) par des commerciaux qui ont
commencé à distribuer notre marque dans toute la France. Mais il
est difficile de joindre les deux bouts pour nous, il faut créer,
fabriquer et nous retirons très peu de bénéfice de tout cela…Ces
commerciaux nous ont emmené jusqu’à Maison et Objet Paris (rêve
n°2) plus grand salon international de l’art de vivre. J’ai donc
participé à ce salon avec deux associées (pas mes associés
d’aujourd’hui) B et L. Ces deux femmes, fournisseurs, nous ont
proposé de nous associer à elles afin de « pulvériser »
la concurrence. Je reprends leurs mots. Alors quand on crève de faim
(oui c’est dur la vie d’artiste) on met de côté ses convictions
et on obéit. Moi à la création et elles à la fabrication (elles
avaient une usine de fabrication textile) on devait réussir !
J’étais confiante, pleine de motivation et prête à tout pour
impressionner ces deux femmes ainsi que la France entière. Toujours
sans salaire cela devenait difficile de créer. Je suis devenue une
vache à lait, je devais pondre des visuels sur des thèmes qui ne me
plaisaient pas, Bisni était devenue Bisni « Paris » (je
suis pas Parisienne !!!) une marque qui ne me ressemblait plus,
quelque chose de complètement incohérent… De plus les produits
n’étaient même pas français, alors pourquoi devais-je supporter
ce « Paris »… C’était pompeux tout ça. Trop pour
moi. Ma famille et moi même étions en train de sombrer. Toujours
pas de salaire à l’horizon… Par contre la boîte de mes
associées s’engraissait bien à mon détriment… Il fallait que
je copie la concurrence, que je mente… C’était trop sale (et je
passe des détails…) J’ai donc décidé de tout envoyer valser au
bout de 7 mois d’association. Je voulais tout leur laisser, mon nom
y compris, et oublier tout ça. Mais mes associés actuels, Bruno et
Nicolas, n’ont pas voulu. Ils m’ont dit que c’était trop
dommage et m’ont proposé de recommencer l’aventure avec moi, au
29 rue de l’Aiguillerie (d’où le nom de la nouvelle marque).
Avec eux je vis, j’ai un petit salaire, je travaille avec des
humains comme on en voit peu. Ils ont un cœur énorme, on s’entend
très bien, on s’aime ! Et mon cœur crée à nouveau. Toutes
les conditions sont réunies pour que cela fonctionne. Et c’est en
train de prendre son envol, enfin. »
Lux
June : «Parle-moi de ton métier, des clients (les visés et
les différents types) et tâches globales à accomplir lors d'une
commande ? »
Bisni :
« J’adore mon métier. Évidemment il y a des jours avec (très
souvent) et des jours sans (rares).
J’ai
des clients professionnels, revendeurs, une quarantaine en France et
en Europe que nous trouvons sur les salons et grâce au bouche à
oreilles, réseaux sociaux… Et mes clients particuliers qui
viennent à la boutique sont de tous horizons différents 25-50 ans,
mais souvent assez rock n’ roll, tatoués…
Pour
les commandes pro, il faut toutes les regrouper et lancer la
production. Nous n’avons pas encore les moyens de stocker, nous
travaillons à flux très tendu ! »
Lux
June : «Décris-moi le décor et le fonctionnement de ton lieu
de travail ? »
Bisni : « Je
n’aurais jamais cru que j’allais bosser dans un si beau magasin.
Si on m’avait dit cela il y a quelques années, j’aurais sûrement
éclaté de rire !! Ce bureau-magasin c’est tout ce dont je rêvais. Avec ses magnifiques gypseries de 1757, ses hauts plafonds
dans cette rue parfaite… C’est le pied !! Je suis heureuse !
C’est un peu mon premier temple. Je sais que je n’y resterai pas,
je visualise autre chose, de plus grand, toujours 18e siècle mais pas de magasin. Juste un bureau de travail, créer de
l’emploi, s’entourer pour se délester un peu et bosser dans la
bonne humeur. J’aurai mon bureau perso, ma chapelle, mon antre au
sein de ces locaux… Je rêve et mets tout en œuvre pour réaliser
cela. L’Univers m’écoute, m’entend et m’envoie tout ce dont
je lui parle. C’est magique ! »
Lux
June : « Et pour te laisser le fin mot de cette interview,
définis moi le mot "motif" ? »
Bisni :
« « Motif »… Ce serait plutôt les arrière
plans que j’utilise pour mes créas. Souvent baroque, art déco,
uni ou fleuri… Pas de créa sans motif.
On
retrouve souvent les mêmes éléments dans mes compositions. Au
début j’avais peur que les gens trouvent cela facile de réutiliser
des éléments, mais au final c’est ma signature, ma griffe. Les
gens me reconnaissent grâce à ça. »